Quand ce livre a été publié j’étais encore aux Etats Unis pour finir mon programme Fulbright. J’étais impatiente de le lire et puis, les articles de presse , les photos de sa discussion , de sa présentation ont aiguisé mon envie de le faire. J’étais impatiente pour deux raisons. La première – sentimentale- c’est que je suis toujours a la recherche de fragments de l’histoire de mon père et de ses camarades. Je suis toujours en train d’essayer de connaître toute l’ histoire . Le Comment et le pourquoi ? Je voudrais bien savoir comment il a atterrit dans perspectives ? Comment a commencé sa PASSION pour la politique et ses rêves pour changer le monde ? Bien qu’il me raconte un peu de cela quand j’insiste , j’ai toujours senti qu’il était avare dans ses réponses. Des réponses courtes qui n’ont jamais satisfait ma curiosité et éteint ma soif pour connaître l’histoire. Et puis je voulais aussi connaitre l histoire de gens que je connais, que j’ai connu ou que j’ai rencontré : Fathi Bel haj Yahya , Rachid Belallouna, Mohamed Saleh Fliss , Nouri Bouzid , Mohamred Khnissi, Feu Nourredine Ben Khedher, Simone Benn Othmane, Aicha Bel Abed , Ahmed Karoud, Mohamed Kilani , Hamma el Hammemi et beaucoup d’autres.
La deuxième raison c est que l’écrivain n’était autre que Fathi. J’ai toujours admiré son écriture, soit en les lisant sur les pages de certains des journaux de l’opposition* soit en recevant des e-mails avec ses petits textes. Fathi a un style qui nous présente le fait le plus malheureux joyeusement ! Son ironie est imbattable . En rentrant, j’ai dévoré le livre le soir même de mon retour quand j’ ai commencé à le lire, je n’ ai pas pu m’arrêter et j’en étais vraiment éblouie. J’ai pu retrouver quelques fragments de l’histoire de mon père, j’ai saisi quelques détails qui m ont échappée auparavant .Fathi est resté fidèle à son style à sa plume et unique en son genre : nous parlant de Zeinouba, de la rencontre avec Bourguiba et de sa Façon de voir et de traiter les choses , de l’architecture de la prison, de la « mouch hakka *» que répète Bourguiba tout le temps, de l’emplacement de Borj Erroumi , etc.
Reste à dire que nous jeunes devons lire et relire ce genre de recueil de prison et en prendre les bonnes choses car s’il ya un truc important que nous n’avons pas saisi c’est l’importance de la culture, nous avons saisi la liberté à l’envers . Les perspectivistes passaient leur journées de prison à lire, lire et lire et à discuter …et à remplir leurs cerveaux .Nous autres qui prétendons être des opposants nous lisons rarement pour ne pas dire jamais, rares ceux qui vont au cinéma, au théâtre, concert et galeries d’art. Comment un étudiant en lettres et qui fait des assemblées générales dans son université ne peut écrire un statut correct sur le maudit Facebook ou dans un sms à partir de son portable. Comment parler de révolution alors que la base est pourrie ? Comment parler de Marx alors qu ‘on ne connait pas notre orthographe ? Comment parler de la liberte de la femme alors qu ‘on insulte ,bat ou essaye de violer nos camardes /copines ? Comment parler de justice , d’égalité alors que celui qui a la force et le leadership dans une association ou cherche à écraser ceux qui ont moins d’autorité ?Comment parler de changer le monde alors que nos journalistes ne font que copier/coller ?
*Opposition: je ne crois pas en l’existence d’une opposition dans notre pays.
*mouch hakka : ce n ‘est pas comme cela en dialecte tunisien .